Edith Piaf ! Il n’y a qu’à voir les reprises de ses chansons par des chanteurs d’horizons parfois très différents pour mesurer à quel point elle a marqué la chanson française. Ajoutons à son talent, voire « génie« , l’aspect légendaire de sa vie et vous comprendrez aisément que je pouvais pas ne pas être amené un jour à parler d’elle.
Et, circonstances obligent, je fréquente en ce moment quelques accordéonistes et je tiens à rendre hommage à leur instrument trop souvent décrié.
Donc, c’est de cette chanson, écrite en 1940 par Michel Emer que je voudrai parler, un peu… avec vous. Cette chanson, il l’a proposée à Edith Piaf juste avant d’elle lui même au front, comme l’accordéoniste. Pour notre plus grand bonheur, car il sera l’auteur de nombreuses autres chansons, il en reviendra. Il deviendra le mari d’une grande dame française, celle qui a sans doute inspiré pas mal de nos talents comiques féminins actuels, Jacqueline Maillan.
D’abord, les paroles…
La fille de joie est belle Au coin de la rue Là bas Elle a une clientèle Qui lui remplit son bas Quand son boulot s’achève Elle s’en va à son tour Chercher un peu de rêve Dans un bal du faubourg Son homme est un artiste C’est un drôle de petit gars Un accordéoniste Qui sait jouer la java |
Elle écoute la java Mais elle ne la danse pas Elle ne regarde même pas la piste Et ses yeux amoureux Suivent le jeu nerveux Et les doigts secs et longs de l’artiste Ça lui rentre dans la peau Par le bas, par le haut Elle a envie de chanter C’est physique Tout son être est tendu Son souffle est suspendu C’est une vraie tordue de la musique |
On peut déjà remarquer que la fille de joie est traitée comme une femme à part entière. Aucun jugement de valeur sur ses activités. C’est une femme, amoureuse, et qui a des projets… ou tout du moins des rêves. C’est l’essence même des chansons réalistes; on peint le réel, sans porter de jugement moral et on s’attache surtout à l’humain, aux sentiments humains, aux relations entre les humains dans des contextes et décors variés. C’est sans doute cela qui fait que bon nombre de ces chansons restent éternelles. L’aspect vieillot qu’elles peuvent avoir parfois n’est du qu’à l’ancienneté des documents en notre possession, documents réalisés avec des technologies balbutiantes. mais les textes et la musique restent forts et de nombreuses reprises dont certaines réalisées très récemment, et qui ont donc pu profiter des avancées technologiques, sont là pour nous le prouver.
Quelles versions vais-je vous proposer ? Ce qui est passionnant avec Internet, c’est qu’on en apprend tous les jours. Par exemple, je ne me souvenais pas avoir entendu Claude Nougaro chanter cette chanson. J’ai également découvert Ute Lemper, cette comédienne chanteuse allemande très connue dans les années 80 pour Cats, Peter Pan et Cabaret. Entre les autres versions, j’apprécie particulièrement celle de Mireille Mathieu. Son interprétation est assez réaliste et même si par ailleurs je ne suis pas un de ses fans les plus assidus je reconnais toute sa légitimité à chanter Piaf. les autres, je vous laisse les découvrir, les comparer, et les goûter.
Ah, mais ça ne va pas! Il n’y a même pas une version chantée par Edith !
Pas de panique. Avec Edith, le son ne suffit pas. Il faut la voir, la voir déplier l’accordéon, la voir rêver, la voir sourire, la voir pleurer, la voir nous envoûter avec son jeu de scène prodigieux.
Get the Flash Player to see this content.
|
![]() |
3 Commentaires
Un must!
Pas mal, mon gars.
Concernant l’accordéoniste:
Je ne savais pas que l’auteur de cette chanson avait été le mari de Jacqueline Maillan !
BRAVO Raymond pour ta sélection , néanmoins tu aurais peut-être pu ajouter Patricia Kaas (On aime ou on n’aime pas mais c’est encore une voix différente ! ).
A propos, pourquoi appelle-ton cet instrument « le piano du pauvre » ?
De temps en temps à Paris , dans les couloirs de métro , on peut encore rencontrer des accordéonistes qui font la manche; c’est alors un plaisir de s’arrêter quelques instants pour les écouter …